Trop de Français sont anti-européens !
En France, selon un sondage réalisé par l’institut CSA pour CNews, Europe 1 et le Journal du Dimanche (JDD) indique que 43 % des électeurs sont hostiles à l’entrée de l’Ukraine dans l’Union Européenne. Parallèlement, 39% (un peu plus d’hommes que de femmes) y sont favorables et 18% restent indécis. En gros, c’était un vote de défiance envers la politique européenne de soutien à l’Ukraine et d’élargissement de l’UE.
Les jeunes Français sont clairement divisés, avec seulement 34% des 18-24 ans favorables à l'adhésion, contrairement à 40% des 25-34 ans qui la soutiennent. La divergence d'opinions persiste parmi les seniors, avec 39% de soutien parmi les 50-64 ans et 46% chez les plus de 65 ans.
Ce sondage a été réalisé au plus fort des manifestations agricoles alors que les agriculteurs contestataires faisaient campagne contre l’importation de poulets et autres produits agricoles ukrainiens. L’Europe est-elle vraiment affaire de poulets ?
La distinction reflète la répartition des milieux professionnels : 40% des personnes appartenant aux catégories socio-professionnelles supérieures (CSP+) sont pour l'adhésion, comparativement à 37% des CSP- (catégories socio-professionnelles moyennes et inférieures) et 39% des non-actifs. C’est une tendance constante : les milieux les plus instruits et les plus performants de la société français sont plus pro-européens que les milieux moins instruits et moins performants au travail, et cela, depuis des décennies.

Les raisons du rejet sont claires : les adversaires de l’adhésion de l’Ukraine « la jugent peu avantageuse pour leur pays ». Aucun souci des risques stratégiques et militaires. Du reste, les trois médias demandeurs de ce sondage ne sont pas particulièrement engagés en faveur de l’Europe. Subissent-ils l’influence ultranationaliste du Rassemblent national ?
Derrière un voile de modération et de tolérance envers l’euro et l’Europe, pour ne pas choquer, le RN reste fondamentalement hostile aux institutions européennes. Son candidat Jordan Bardella veut les remplacer par des « coopérations » entre pays, c’est-à-dire revenir à l’Europe de nos arrière-arrière-grands-pères qui a produit les guerres intra-européennes du 19ème et du 20ème siècles, leurs alliances non encadrées étant par définition changeantes et instables.
Jean-Paul Picaper, 28/02/24
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