Le port d’attache de notre association « C’l’Europe » est l’Eurométropole de Strasbourg. Et Strasbourg est, cette année, la Capitale mondiale du Livre. Autant dire que le sujet « lecture » nous tient particulièrement à cœur. Coup d’envoi pour Les Nuits de la lecture 2024. Créées en 2017 par le ministère de la Culture et organisées par le Centre national du livre, elles proposent trois jours durant des événements autour de la lecture dans toute la France. D’après le dernier baromètre Ipsos commandé par le Centre National du Livre (d'avril 2023), un très grand nombre de Français sont lecteurs. En effet, qu’ils soient des lecteurs assidus ou occasionnels, 86% des français déclaraient spontanément lire. Et le cadeau de Noël le plus valorisé est le livre.
Mais c’est aux 14% de non lecteurs que nous nous intéressons ici, et notamment aux jeunes. Un sur cinq dit ne pas lire, ou ne pas aimer lire. A travers les derniers bilans de santé du livre, que peut-on dire de celle des lecteurs ? Juste avant l’ouverture du Salon du livre sont publiés les derniers bulletins de santé du secteur. Celui de l’institut Gfk et celui du Centre National du livre sur les habitudes de lecture des Français. Des colonnes de chiffres nous apparaissent alors comme autant d’oracles à interpréter.
La moitié des jeunes n'ont pas une lecture linéaire
Parmi les non lecteurs, les jeunes de 15 à 24 ans occupent une place importante. Ils sont un sur cinq à affirmer ne pas lire, ou ne pas aimer lire. C’est une source d’inquiétude pour Régine Hatchondo, présidente du Centre National du livre : "Presque la moitié d'entre eux déclarent faire autre chose en même temps qu'ils lisent, comme regarder les réseaux sociaux. Ce qui, bien évidemment, affecte très probablement la concentration et la capacité à se laisser emporter par un ouvrage. Ce qui nous inquiète aussi, c'est le temps passé devant les écrans par rapport à celui consacré à la lecture. En 2022, il était sept fois supérieur à celui consacré à la lecture. Même si ce temps passé sur les écrans concerne tous les citoyens, y compris les adultes."
Dans les écoles, une compréhension de l'écrit en forte baisse
Le dernier classement du Programme international pour le suivi des acquis (PISA) pour n’est pas non plus rassurant. Depuis 2012, les résultats des élèves français en compréhension de l’écrit ont baissé deux fois plus que ceux, en moyenne, des autres pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Pour pallier cela, le CNL, en lien avec l’Éducation nationale, mise notamment sur le développement de la lecture à voix haute, et la rencontre des jeunes avec des auteurs : "Ce sont des outils qui peuvent aider les enfants à déchiffrer un texte, à poser leur voix, à se sentir plus à l'aise dans la peur de ne pas comprendre, la peur de rester isolé dans l'histoire qui leur est racontée."
D’après les chiffres de l’Education nationale, en fin d’école primaire, environ 1 élève sur 10 est un “faible compreneur”, voire en grande difficulté de lecture.
De quoi espérer quand même
Régine Hatchondo souligne pour conclure une exception culturelle française tout de même de bon augure pour les Français et leur rapport à la lecture, au regard d'autres pays européens ou des États-Unis : "C'est certainement en partie grâce au prix unique du livre : il y a un tissu très dense de librairies en France. L'achat de livres se passe encore majoritairement sur des lieux physiques. D'ailleurs, beaucoup de nouvelles librairies se sont ouvertes après le confinement : 142, versus 24 fermetures. On a encore un tissu dense de bibliothèques également. Il y a le Pass Culture aussi [dispositif gouvernemental permettant aux jeunes de se voir offrir pour 300 euros de biens culturels, NDR] : le livre reste le premier bien choisi."
Avec Régine Hatchondo Présidente du CNL
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